Histoire de Besouro Manganga

 

 

 

 



















Manoel Henrique Pereira (1885-1924)

alias "Besouro Manganga"

Depuis tout petit, Manuel Enrique, fils de Joao Grosso et Maria Haifa, apprenait les secrets de la Capoeira de rue avec le Maître Alipio, a Santo Amaro da Purificaçao, et fut baptisé « Besouro Maganga » à cause de sa souplesse et facilité à disparaître quand on avait besoin de lui. Un noir fort à l’esprit aventureux, il n’a jamais travaillé dans un endroit fixe et n’a jamais eu de profession définie.  Lorsqu’il y’avait trop d’adversaires et qu'il perdait l’avantage, il disparaissait sans que personne ne sache où il était partit, « en volant » comme un scarabée dont il portait le nom. Son entourage commença alors à lui attribuer des pouvoirs surnaturels.  En train, à cheval ou à pied, Besouro, selon les circonstances, allait de Santo Amaro à Maracangalha pour travailler dans des usines ou haciendas. Son élève et cousin le Maître Cobrinha Verde raconte qu'un jour il trouva du travail à l’Usine de Colônia (aujourd’hui Santa Elisa) de Santa Amaro.Une semaine plus tard, le jour de paie arrivé, le patron lui dit, comme à d’autres employés, que son salaire “s’était envolé” pour Sao Caetano, signifiant qu’il ne comptait rien lui payer. Ceux qui osaient se révolter étaient fouettés et attachés à un arbre en plein soleil durant 24h.  Besouro, lui, empoigna le patron et l’obligea à le payer après lui avoir décrocher un grand coup. Vindicatif et rebelle, Besouro n’aimait pas la police et avait régulièrement des problèmes avec elle.  On raconte même qu’il arrivait que Besouro leur quitte leurs armes pour les enfermer dans leur propre prison. Une fois il obligeât un soldat à boire une grande quantité de cachaça avant de l’enfermer.  A son réveil, celui-ci se plaint à son commandant, José Costa, qui désigna 10 hommes pour attraper Besouro mort ou vivant. Quand il se rendit compte de l’approche de la police, Besouro sortit du bar où il se trouvait et se planta, les bras tendus, sur une croix dessinée sur la route, en déclarant qu’il ne se rendrait pas. On entendit une grande fusillade qui laissa le capoeiriste étendu au sol.  Le commandant s’approcha, le pensant mort, mais Besouro se releva en chantant et ordonna aux hommes de se retirer. Les disputes et révoltes étaient nombreuses à l’époque et Besouro prenait régulièrement parti contre les propriétaires des « fazendas » et usines ainsi que la police. Employé dans la fazenda du Dr. Zeca, et père d’un enfant nommé Memeu, Besouro fut désigné pour mourir.  Un homme influent, le Dr. Zeca envoya par l’intermédiaire de Besouro, qui ne savait ni lire ni écrire, une lettre à son ami le gérant de l’usine Maracangalha, qui donnait l’ordre de tuer le coursier. On ordonna à Besouro d’attendre jusqu’au jour suivant la réponse à la lettre.  Il alla la chercher tôt le lendemain, et fut entouré de plus de 40 soldats qui lui tirèrent dessus. Il s’éloigna du lieu en esquivant les balles avec la ginga de son corps.  Un homme connu sous le nom de Eusebio de Quibasa le frappa d’un coup de couteau en bois, réputé selon la tradition du Candomblé (religion africaine-américaine qui s’installa dans tous les lieux de destination des esclaves noirs) être l’unique arme capable de tuer un homme « au corps fermé », c'est-à-dire qui résiste aux balles comme semblait être le cas de Besouro.Manuel Enrique, Besouro Manganga, est mort jeune à l’âge de 27 ans en 1924.  Trois de ses élèves sont toujours en vie, Rafael Alves França, Mestre Cobrinha Verde et Siri de Mangue. Aujourd’hui, Besouro est un symbole de la Capoeira dans tout le territoire de Bahia, admiré pour le courage et la loyauté avec lesquels il se comportait pour aider les minorités opprimées par la police et les propriétaires terriens.

 

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